Agglomérations des communes riveraines de l'estuaire de la Gironde

France > Nouvelle-Aquitaine

Bien qu'essentiellement ruraux, les rivages estuariens sont maillés d'un réseau d'agglomérations allant du modeste hameau agricole à la petite ville et à la station balnéaire.

Les sites antiques de Brion en Médoc, et de Barzan en Saintonge ont périclité précocement. Le cas de Blaye et de Bourg témoigne en revanche d'une pérennité d'occupation. Leur implantation sur des voies de communication reliant les régions du nord aux routes du sud, via Bordeaux, sur des points de franchissement et d'embarquement, a constitué un atout important pour le développement de leur port. Bourg, placé jusqu’au Moyen Âge à la confluence, permet un contrôle des passages sur la Dordogne et la Garonne. Les facilités d'accostage à l'abri d'un escarpement rocheux, ont favorisé ce premier havre au voisinage d'une source abondante. Blaye, en position intermédiaire pour la navigation estuarienne entre Bordeaux et l'embouchure, est avec son chenal protégé de la forte houle un port-relais essentiel. Les deux sites portuaires sont aussi placés au Moyen Âge sous le contrôle et la protection de castra perchés sur un oppidum. La christianisation très précoce de Blaye, la présence d'une abbaye dès l'époque carolingienne dans chacun des bourgs ont enfin renforcé leur attractivité sur les routes de la foi. De par leur situation stratégique, ces agglomérations ont cependant eu à pâtir des divers conflits de la fin du Moyen Âge et du début des Temps modernes.

Abbayes et prieurés ont certes joué un rôle prépondérant dans l'organisation du peuplement estuarien, mais les véritables entreprises de fondation ou de structuration d’habitats villageois dans le cadre de seigneuries ecclésiastiques ont été rares, à l'exemple des sauvetés de Macau et de Soulac, créées à l'initiative des abbés de Sainte-Croix de Bordeaux, ou du bourg abbatial de Saint-Romain de Blaye. Outre les monastères et les sièges paroissiaux, quelques établissements hospitaliers ont aussi contribué à fixer de modestes agglomérations. À Arcins par exemple, une commanderie de l'ordre de Malte, attestée au début du 14e siècle, a attiré un petit peuplement au carrefour de la route du Médoc et d'un chemin de desserte vers le fleuve.

Les principales centralités estuariennes sont établies en contact direct ou indirect avec le fleuve, généralement dans l'environnement d'un château. Sur la rive droite, le castrum de Mortagne constitue au Moyen Âge un point d’appui important pour le duc d’Aquitaine sur la Gironde, car il forme le bornage septentrional de la perception de droits sur le trafic fluvial. Plus en aval, surplombant la Gironde, le castrum de Talmont apparaît pour sa part dans les sources à la fin du 11e siècle. Enfin, implantés au niveau de l’embouchure, le castrum de Didonne, siège d’une importante seigneurie, et celui de Royan qui en dépendait, assurent une perception des taxes sur les passages. Si quelques mottes et sites castraux sont attestés à l'époque médiévale sur la rive gauche en Médoc, leur rôle dans la fixation d'un habitat aggloméré paraît secondaire en bordure d'estuaire, à l'exception du site de Castillon à Saint-Christoly, dont l'agglomération a cependant périclité entre le Moyen Âge et l'époque moderne.

Sous l'Ancien Régime et au 19e siècle, le "déperchement" de l'habitat s’effectue au profit de quartiers ayant une façade estuarienne ou aménagés dans une recherche de proximité avec un chenal. Un urbanisme portuaire donne progressivement naissance à des quartiers peuplés de "gens de mers", de marchands et de négociants. Pauillac, principale localité du Médoc, n'est encore qu'une modeste bourgade établie sur une croupe à l’écart des zones basses au 17e siècle. Entre la fin du siècle et le début du 18e siècle, les seigneurs de Lafite renforcent l'agglomération en imposant aux nouveaux tenanciers l'obligation de bâtir. Sur la rive opposée à Mortagne et Blaye, des quartiers portuaires sont structurés aux 17e et 18e siècles le long du chenal face à l'estuaire. À Bourg vers 1700, le quartier du port est encore réduit à quelques maisons implantées au pied de l'escarpement surmonté par la ville. En une centaine d'années, le terre-plein de part et d'autre du chenal est entièrement aménagé et accueille un grand nombre de bâtiments.

A l'inverse, à la suite de la fusion d'anciennes paroisses, certains villages comme Marcamps, Jau, Dignac et Loirac, ainsi que Cussac le Vieux, ont été réduits à un statut de hameau ou ont disparu au cours du 19e siècle, au bénéfice d'un nouveau chef-lieu communal créé pour des motifs de commodité, au sein de territoires recomposés.

Le phénomène le plus marquant du 19e siècle est celui de l'urbanisme balnéaire. A Royan, à la fin de l’Ancien Régime, le faubourg reste structuré par la "Grand Rue" et la plupart des maisons tournent le dos à la baie. Alors que mole, quais et promenades sont créés dans la première moitié du 19e siècle, la ville se retourne et s'urbanise progressivement sur le port et face à la mer. L'engouement pour la villégiature balnéaire aux 19e et 20e siècles accentue l'attrait vers l'estuaire océanique. Riverains et visiteurs recherchent près des rivages des espaces destinés à la promenade, aux bains de mer et aux régates. Les villégiateurs plébiscitent désormais la villa balnéaire, essentiellement entre les localités de Meschers et de Saint-Palais-sur-Mer sur la rive droite, à la pointe de Grave et à Soulac en Médoc.

Ce n'est véritablement qu’avec l'essor industriel de l'entre-deux-guerres, lié en particulier aux installations d'hydrocarbures, que des quartiers ouvriers sont créés à proximité des nouveaux établissements. À Blaye, la Société chimique et routière de la Gironde privilégie pour assurer le logement de ses employés l'acquisition de nombreuses maisons du cours Bacalan, où elle est implantée en bordure de Gironde, plutôt que la construction d'une cité. La société des pétroles Jupiter à Pauillac décide au contraire, dans les années 1930, la création de lotissements au nord-ouest de la raffinerie.

À partir des années 1970, la principale entreprise pourvoyeuse de cités ouvrières dans les localités de la rive droite est EDF, à la suite de l’implantation de la centrale nucléaire du Blayais à Braud-et-Saint-Louis.

Périodes

Principale : Antiquité

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : 19e siècle

Principale : milieu 20e siècle

Principale : 4e quart 20e siècle

Le corpus des agglomérations des communes riveraines de l'estuaire comporte cinq villes, selon la définition de l'INSEE (au moins 2000 habitants agglomérés). Royan occupe la tête de la hiérarchie des villes estuariennes, avec plus de 18 000 habitants, formant une aire urbaine avec Saint-Georges-de-Didonne au sud et Saint-Palais au nord. Cet ensemble, jusqu'au site de la Palmyre aux Mathes, comprend une dimension balnéaire majeure, tout comme en Médoc, sur la rive opposée, la pointe de Grave au Verdon et surtout Soulac, sur la façade océanique.

Les autres villes, de moindre importance, comptent autour de 5000 habitants : il s'agit de Blaye et Pauillac, anciens ports sur l'estuaire, dont la croissance et le déclin sont liés au trafic estuarien, ou encore de Bourg, plus petite unité urbaine du territoire avec un peu plus de 2000 habitants. Il faut ajouter Saint-Ciers-sur-Gironde, localité plus en retrait de l'estuaire mais dont le rôle de marché pour la Haute-Gironde a assuré sa croissance et son maintien au cours du temps. La centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis a aussi joué un rôle important pour l'apport de nouvelles populations dans les communes de la rive droite, de Saint-Ciers à Blaye.

Vient ensuite un chapelet d'une quarantaine de bourgs et de villages échelonnés le long de l'estuaire, en particulier sur la rive saintongeaise Saint-Thomas-de-Conac, Saint-Fort ou Mortagne. Dans les villages du vignoble médocain comme Saint-Estèphe, ou en Blayais-Bourgeais comme Villeneuve et Saint-Genès, l'habitat est souvent diffus et peu dense. A l'image de Margaux ou de Cantenac, ces localités comportent un caractère rural assez prononcé du fait de la proximité, voire de la pénétration des vignes dans les agglomérations.

Le paysage bâti des agglomérations estuariennes est marqué par la présence de la pierre calcaire, principalement extraite des carrières de la corniche girondine. Ce matériau est généralement mis en oeuvre en pierre de taille pour les façades et en moellon pour les autres élévations. La tuile creuse est le matériau de couverture très majoritairement répandu. Dans les secteurs de l'embouchure où domine l'architecture balnéaire, les facilités liées au transport ferroviaire ont permis le recours à des matériaux plus variés : calcaire blanc d'Angoumois et de Saintonge, brique et tuiles industrielles, ardoises, etc. Sur la rive gauche, des briqueteries locales ont alimenté la construction des stations de Soulac et du Verdon.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

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